mercredi 24 janvier 2018

Les voies du plaisir

 Les Grecs pensaient que les voies de la nature étaient «les voies du plaisir» et que «tous ses chemins» étaient «la paix». Cela peut nous sembler une hypothèse surprenante, mais c'est parce que nous ne voulons pas dire par «nature» la même chose qu'eux. Nous relions le terme à l'origine d'une chose, ils le rattachent plutôt à la fin; par «état naturel», nous entendons un état de sauvagerie, ils signifient la plus haute civilisation; nous entendons par la nature d'une chose ce qu'elle est ou a été, ils voulaient dire ce qu'elle devait devenir dans les conditions les plus favorables; non pas le crabe aigre, mais la gloire moelleuse des Hespérides, digne d'être gardée par un dragon sans sommeil, était pour les Grecs la pomme naturelle. Ainsi, nous trouvons Aristote soutenant que l'État est un produit naturel, parce qu'il est issu de relations sociales qui existent par la nature. La nature était en effet un terme très ambigu pour les Grecs, mais au sens où nous sommes maintenant concernés, la nature de tout était définie par les péripatéticiens comme «la fin de son devenir». Une autre définition de la leur donne encore plus de clarté. «Ce que chaque chose est quand sa croissance a été accomplie, que nous déclarons être la nature de chaque chose».  À la suite de cette conception, les stoïciens ont identifié une vie conforme à la nature avec une vie conforme à la plus haute perfection à laquelle l'homme pouvait parvenir. Maintenant, comme l'homme était essentiellement un animal rationnel, son travail en tant qu'homme consistait à vivre la vie rationnelle. Et la perfection de la raison était la vertu. D'où les voies de la nature n'étaient autres que les voies de la vertu. Et c'est ainsi que la formule stoïcienne a pu être exprimée de différentes façons, ce qui équivalait à la même chose. La fin était de vivre la vie vertueuse, ou de vivre de manière cohérente, ou de vivre selon la nature, ou de vivre rationnellement.

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