lundi 27 avril 2015

Un Dogfight entre amis

Cette année, j'ai reçu mon cadeau de Noël avec un peu d'avance. Mais quel cadeau ! Un combat aérien. Pas une simulation. Dans un authentique appareil. Où j'étais aux commandes ! L'animation a pris place à Saint Estèphe (dans le Médoc, caouèc !). J'y suis allé avec un ami et c'est ainsi que nous avons atteint le petit aéroclub vers neuf heures et demi : un immense terrain gazonné qui allait nous servir de piste d'envol. Nous avons été accueillis par un véritable pilote de chasse : "Gégé", qui a presque cinq mille heures de vol à son actif. Nous avons partagé un petit déjeuner ensemble, puis avons enfilé nos combinaisons de vol. Avec nos allures de Top Gun, nous nous sommes ensuite installés dans le grand canapé et Gégé nous a expliqué le principe du duel aérien. Mon ami et moi suivions attentivement : nous allions passer au sérieux juste après ! Avant de nous lancer, nous avons dégusté une bonne plancha en discutant d'aviation. Le second pilote nous a rejoints, puis nous sommes montés à bord de nos avions respectifs : nous à l'avant, et nos instructeurs à l'arrière. En avant la musique ! Bon, au début, je ne me sens pas trop en confiance : je n'ai encore jamais réalisé un vol sur un appareil aussi petit. Et croyez-moi, ça remue ! La moindre rafale bouscule l'appareil. Mais on s'y fait rapidement, d'autant que c'est sublime à vivre ! Ca paraît bête à dire, mais les sensations sont bien plus grandes que celles qu'on peut éprouver sur un appareil de ligne. En fait, voler sur un Airbus n'est pas vraiment voler, c'est juste passer d'un point A et un point B. Rien de tel, ici. Les sensations sont au rendez-vous. La verrière de l'habitacle permet de voir partout à la fois : et il vaut mieux, puisqu'on va passer une partie de son temps à chercher son ennemi ! Nous débutons par une évolution en patrouille serrée pour nous habituer au pilotage. Mon ami dans l'autre avion me fait un signe que « rigoureusement ma mère m'a défendu de nommer ici ». Si je le vois si bien, c'est que nous sommes à quelques mètres l'un de l'autre ! Let's go : l'attaque débute ! Je saisis le manche de l'appareil et essaie de mettre mon rival dans le viseur. Pas arrangeant, celui-ci file continuellement. Mais après quelques minutes de tentatives, je réussis finalement : je shoote l'appareil ennemi et constate qu'une traînée de fumée s'en échappe. Cible atteinte ! Parce que oui, ils ont recrée la simulation à ce niveau de détail : les tirs lasers dégagent des fumigènes. Extraordinaire. J'entame une petite danse de la victoire sur mon siège. Pourtant, le moment est mal choisi pour se relâcher. Car c'est l'heure de renverser les rôles. A moi de devenir le fuyard ! Quel pied, les amis. Au final, deux vols de près de 50 minutes, durant lesquels nos instructeurs nous ont offert un peu plus de liberté à chaque minute. Vers la fin, nous étions seuls en plein ciel, mano a mano. Un dogfight inoubliable ! Si vous souhaitez en savoir plus, je vous laisse le lien vers l’organisateur de cette expérience de pilote de chasse.


Une affiche qui pose le problème de la laïcité fasciste

Article mis à jour lundi 6 avril à 19h: le président de la RATP, Pierre Mongin, a annoncé à l'AFP que les prochaines affiches du concert apposées dans le métro porteraient la mention «au bénéfice des chrétiens d'Orient». La France est malade de sa laïcité. L’autre jour, c’est un élu socialiste qui décrochait un crucifix au conseil général du Haut-Rhin. Peu après, dans un bureau de vote de Toulouse, un rabbin était sommé de retirer sa kippa au moment d’accomplir son devoir électoral. Aujourd’hui, ce sont quelques obscurs censeurs de la RATP qui décident, de leur propre chef, de biffer la mention «au profit des chrétiens d’Orient» sur 250 affiches du métro annonçant un concert du goupe Les Prêtres, animé par Mgr Jean-Michel Di Falco. Motif: le respect du «principe de neutralité religieuse»! Ainsi les «chrétiens d’Orient», sujets depuis des mois d’un mouvement de sympathie mondiale, sont-ils censurés en France. Une population qui est contrainte à l’exode depuis des décennies, au Liban, en Palestine, en Syrie, réduite à 300.000 personnes après les deux guerres d’Irak, et qui, aujourd’hui encore, est humiliée, maltraitée, discriminée, réduite à la servitude, chassée de ses villages, de ses terres ancestrales, de ses maisons par les milices djihadistes de l’Etat islamique. Piliers de l’histoire orientale, les chrétiens d’Orient sont persécutés pour la seule raison qu’ils sont «chrétiens», sommés de se convertir, victimes d’une haine religieuse systématique, d’un «génocide culturel» que plus personne ne conteste. Jusqu’à l’ONU où, ces derniers jours, à l’initiative de la diplomatie fraçaise, a eu lieu un débat conclu par une condamnation des exactions de Daesh contre cette minorité chrétienne d’Irak. C’est aussi en leur faveur que le pape François s’est prononcé, le matin de Pâques, dans son message de paix universel. Et pendant ce temps, au nom d’une soi-disante «neutralité» et du principe laïque de séparation de la religion et du service public, la RATP décide de censurer une simple mention «chrétiens d’Orient» apposée sur une affiche. Comme si la laïcité était la négation du fait religieux. Comme si le mot de «chrétiens» brûlait encore les lèvres de certains. Comme si les chrétiens d’Orient étaient les «acteurs» d’un conflit armé au Proche-Orient, alors qu’ils en sont les victimes! Dans aucun autre pays voisin de la France, on se pince ainsi le nez à l’évocation d’une confession religieuse. L’histoire de la France est traversée par des haines recuites entre cléricaux et libre-penseurs, par des flots de littérature et des combats religieux dont la vigueur polémique ressurgit parfois aujourd’hui. S’il y a une fracture spécifique à la France, c’est bien celle qui distingue le camp de la Révolution –identifié aux droits de l’homme, au progrès, à la laïcité– et le camp de la Restauration, du cléricalisme, de la résistance aux libertés et à la modernité. Cette sempiternelle «guerre des deux France», dont parlait l’historien Emile Poulat, avait trouvé son apogée avec la loi de séparation Eglises-Etat de 1905, dont Jaurès et Briand avaient voulu faire une loi d’apaisement. La loi de séparation n’est pas une loi de négation de la religion. Ce n’est donc pas simplement une «bévue» que vient de commettre la RATP, comme vient de le dire, avec beaucoup d’indulgence, l’archevêque de Paris, Monseigneur André Vingt-Trois. Cet épisode de l’affiche censurée est hérité d’un «laïcisme» dépassé, étroit, dogmatique qui resurgit à la faveur d’une remontée des intégrismes. Mais cette incapacité à distinguer entre les «acteurs» d’une violence religieuse insupportable et ses «victimes» représentants de minorités non-violentes, engagées sur le terrain contre leur gré, en dit long sur l’ignorance de ces censeurs de la RATP qui ne voient, par ailleurs, aucun mal à autoriser des affichages grossièrement sexistes ou dégradants. Ce sont les mêmes qui, il y a deux ans, avaient refusé une campagne d’affiches contre l’islamophobie, arguant de son caractère religieux, mais qui avaient autorisé des campagnes en faveur de sites incitant à la commercialisation de relations extra-conjugales!

Pour des politiques responsables.

Le discours consistant à constater (ou à dénoncer) l'affaiblissement de nos dirigeants en raison des contraintes extérieures encourage le populisme. Car il existe des marges de manoeuvre, à condition de vraiment réformer. Cela se chante en rengaine: la politique ne peut plus rien. Les enjeux sont devenus mondiaux, ils dépassent l'espace des Etats, les multinationales sont si imposantes et si riches qu'elles dictent leur volonté aux pouvoirs législatifs, la finance vit au-dessus des nations et échappe à leur contrôle et, pour en finir une bonne fois pour toutes avec les dernières velléités volontaristes, les Etats sont endettés jusqu'à la gorge, ils n'ont d'autre choix que de couper dans leurs dépenses. L'«autre politique» ne fonctionne pas Le populisme vient en refrain de cette chanson: il est temps que les gouvernants réaffirment leur puissance et c'est facile, il suffit pour cela de voir que toutes les camisoles sont «extérieures» (Wall Street, Bruxelles, l'immigration) pour décider de fermer les portes, de renvoyer ces monstres chez eux et de remettre une main ferme sur la caisse publique. Il y a deux façons de leur répondre. La première est celle à laquelle s'emploient en France Nicolas Sarkozy ou le Medef contre le Front national. Expliquer que les «solutions» populistes n'en sont pas, qu'elles sont des mirages. Les «contraintes extérieures» sont en réalité plus fortes qu'ils ne le pensent: les pays sont étroitement insérés dans l'économie mondiale et ils ne pourraient, éventuellement, s'en défaire qu'à un coût démesuré. Le gouvernement d'Athènes en fait la cruelle démonstration in vivo: l'«autre politique» ne fonctionne pas. Mais elle ne marche pas non à cause d'un «manque de courage» des gouvernants, non parce que les Etats européens seraient devenus les «valets de la finance» dont le but serait s'asservir la Grèce rebelle, mais parce que l'autre politique est une illusion. Le gouvernement Syriza n'arrive tout simplement pas à formuler une alternative réaliste. Le gouvernement d'Aléxis Tsípras fait, contre son gré, un magnifique travail pédagogique de démolition des fantasmes populistes. Il faudrait, sans rire, que les Européens le remercient économiquement de ce beau cadeau politique. La réponse doit venir de l'intérieur L'autre réponse est à l'opposé: montrer que les «monstres extérieurs» ne sont que pour peu dans les malheurs nationaux qui plongent leurs racines à l'intérieur. Mais cette «réponse intérieure», les gouvernements manquent d'audace et d'inventivité pour la donner. La France est typique de réformes en demi-mesure ou plutôt en quart de mesure, insuffisantes tant sur la forme que sur le fond. Cette «impuissance», celle-ci réelle, partagée par la droite comme la gauche, elle s'est vue sur les retraites, qui ont fait l'objet d'une succession de réformes toujours trop courtes. L'inconvénient du «jamais fini» est de créer une ignorance du «coup suivant» et de planter un climat d'incertitude néfaste pour les ménages quant à leur consommation et à leur épargne. Le cas est général, les hausses d'impôt mitraillées par Sarkozy-Fillon avant Hollande-Ayrault ont le même effet: installer une méfiance fiscale des ménages comme des entreprises, méfiance qui est aujourd'hui à l'origine du manque d'oxygène de la reprise. On fait les réformes par petits bouts par manque de courage. On les fait mal aussi par manque d'idées. Les gouvernements ont comme intégré le fait que les finances étant asséchées, que les syndicats étant de toute façon contre, on ne peut rien faire que des pseudo-réformes, embellies par de la «com». Même si les caisses sont vides et même si les syndicats français font en effet la triste démonstration qu'ils sont incapables, hormis la CFDT, d'accompagner le réformisme social-démocrate voulu par François Hollande, un gouvernement n'en est pas réduit à des expédients pour autant. L'urgence devrait le forcer à l'inventivité. A propos de l'immigration, par exemple. Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont montré par le sang l'échec de la France pour insérer les jeunes de la deuxième génération de l'immigration. Une excellente étude de France Stratégie (la résurgence du Plan) nous apprend l'ampleur du désastre et donne des pistes.

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